Il y a des émotions qui échappent aux mots, des tempêtes intérieures qu’aucune phrase ne peut traduire avec justesse. Parfois, notre langage rationnel semble trop étroit pour contenir la densité de ce que l’on ressent. C’est là que l’art entre en scène — non pas comme un luxe, mais comme une nécessité. Un exutoire, un miroir, une main tendue vers soi-même.
Quand les mots manquent, le corps parle
Il y a dans le mouvement un langage ancestral, brut et viscéral. Une danse peut dire un chagrin sans nom, un élan de joie inexpliqué, une peur enfouie. Nos gestes, nos silences, nos respirations s’accordent en une chorégraphie intérieure. Le corps devient plume. Le mouvement, un poème.
« Le corps ne ment jamais », disait Martha Graham, pionnière de la danse moderne. Et dans ce corps qui s’exprime, il y a un espace de vérité : pas besoin d’expliquer, pas besoin de convaincre — simplement être.
Quand on danse, on ne cherche plus à « faire bien », on se laisse traverser. Le rythme prend le relais. Le cœur pulse. Et l’on retrouve cette part de soi qu’on avait oubliée : libre, authentique, sauvage.
La puissance de l’art pour dire ce que l’on tait
L’art est un langage multiple : un cri en peinture, un murmure en musique, un éclat en couleur. Il y a des douleurs qui se dessinent en traits flous, des espoirs qui naissent dans une note de piano. Et il n’est pas nécessaire d’être « artiste » pour cela : nous sommes tous créateurs. La seule chose qu’il faut, c’est oser.
Là où les mots s’arrêtent, les sons, les formes, les couleurs prennent le relais. Comme le dit si justement Rainer Maria Rilke :
« L’art est la seule manière de dire ce que nous ne savons pas dire. »
Écrire une lettre qu’on n’enverra jamais, peindre une toile avec ses doigts, composer une mélodie imparfaite mais sincère : ce sont des actes de libération. Et parfois, ce sont eux qui sauvent.
Retrouver sa voix intérieure
Nous sommes chacun porteurs d’une sensibilité unique, d’un univers intérieur inimitable. Pourtant, beaucoup s’en coupent par peur d’être « trop » :
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Trop sensibles.
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Trop intenses.
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Trop exigeants.
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Trop à fleur de peau.
Alors on tait. On ravale. On se raidit. Mais ce qui n’est pas dit, ce qui n’est pas exprimé, ne disparaît pas. Cela se transforme. En tensions. En anxiété. En fatigue chronique. En douleurs invisibles.
Carl Jung l’écrivait déjà :
« Ce à quoi on résiste, persiste. Ce que l’on embrasse, se transforme. »
Exprimer ses émotions n’est pas une faiblesse : c’est une preuve de courage. C’est choisir de ne pas se trahir. C’est choisir la clarté plutôt que la confusion, même dans le chaos.
Se reconnecter à l’expression libre : comment
commencer ?
Pas besoin de grand projet. Pas besoin d’avoir « du talent ». Il s’agit juste de créer un espace pour vous, en vous, et d’oser y déposer ce qui vous traverse. Voici quelques pistes douces pour y revenir :
🌿 Quelques suggestions simples :
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Écoutez une musique qui vous bouleverse et laissez votre corps bouger, même si c’est en fermant les yeux, seul chez vous.
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Prenez un carnet : écrivez ce que vous ressentez sans chercher à bien formuler. Juste pour que ça sorte.
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Dessinez vos émotions sous forme de formes, de couleurs, de traits — même si cela ne ressemble à rien.
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Tenez un journal créatif où s’entremêlent mots, collages, dessins, citations.
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Chantez, même faux. Peignez, même maladroitement. Dansez, même sans musique.
Ce n’est pas le résultat qui compte. C’est le processus. L’espace de souffle. Le retour à soi.
Une invitation à oser être pleinement soi
Nous avons tous besoin d’un espace où nous pouvons tomber les masques, et dire « voilà ce que je ressens, même si c’est flou, même si c’est dérangeant ». L’art nous offre cela. Un lieu sans jugement, où notre unicité peut s’exprimer sans filtres.
Clarissa Pinkola Estés, dans Femmes qui courent avec les loups, nous rappelle que l’âme a besoin d’expression pour ne pas se dessécher. Et que toute femme (tout être humain) porte en elle un feu sacré qu’il est vital de nourrir. Par la parole, le chant, le dessin, le silence aussi, parfois.
En conclusion
Exprimer ce que nous vivons est une forme d’hygiène émotionnelle. Une danse peut être plus honnête qu’un discours. Une couleur peut crier plus fort qu’un mot. Ne laissons pas nos émotions se transformer en maux. Osons les libérer, les transformer, les sublimer.
Et souvenez-vous : ce n’est pas trop. Vous n’êtes pas trop. Vous êtes vous. Et cela mérite d’être dit.